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Notre-Dame : le discours de Macron à la loupe

 

LE CERCLE - Le président de la République a pris la parole, hier soir, au pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris en flamme. Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de parole en public, analyse son discours.
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Emmanuel Macron est interrogé par des journalistes, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Lewis Joly/Sipa

Par Adrien Rivierre (spécialiste de la prise de parole en public)

Publié à 09h38
Mis à jour à 09h39

Dans un moment d'émotion et de sidération aussi fort, prendre la parole en public est toujours difficile tant les mots semblent impuissants face à la situation vécue. Hier soir, quelques heures après le terrible déclenchement de l'incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron s'est brièvement exprimé pour faire part de sa douleur mais aussi porter un message d'espoir.

Toutes proportions gardées car aucune vie n'a été ici perdue, le contexte de cette déclaration, en pleine nuit, à quelques pas du sinistre, rappelle celles de François Hollande après les attentats du 13 novembre 2015 ou celle de Robert Kennedy en 1968, alors en pleine campagne présidentielle à Indianapolis, quand il apprend la mort de Martin Luther King. Souvent. Ce sont ces mots-là qui marqueront nos esprits pour longtemps.

Rassurer les Français

L'exercice est délicat car il faut peser chaque mot qui se drape d'une importance toute particulière. Et d'ailleurs, interrogés par les chaînes de télévision, les radios et les journalistes, tous les spectateurs du drame affirment « ne pas avoir de mots » pour exprimer la douleur qu'ils ressentent. Pourtant, en quelques minutes, le président de la République doit lui briser le silence et rassurer les Français.

Juste avant l'allocution, les Français attendent, une attente qui est aussi grande que le besoin d'en savoir plus et d'entendre explicitement que nous pourrons surmonter cette épreuve. C'est pourquoi, dans une telle déclaration, les premiers mots doivent aller à l'essentiel, ici Emmanuel Macron les dédie aux centaines de sapeurs-pompiers qui interviennent pour éteindre le feu. Et, détail important, il précise dans la première minute de son intervention que la « façade et les deux tours principales ne se sont pas effondrées ». Les premiers signes d'espoir sont déjà là.

Toucher au coeur

Au début de ce discours, Emmanuel Macron apparaît fatigué et surtout, évidemment dans de telles circonstances, son visage est fermé. Il s'exprime lentement, avec des pauses et silences très marqués entre les mots et les phrases. Poser ainsi sa voix permet très rapidement de rassurer et de montrer une maîtrise de la situation. Quand tout le monde s'agite et commente, celui qui parle peu et calmement récupère l'attention. Il se tient droit et fait très peu de gestes ce qui renvoie une image de stabilité et de maîtrise.

Ce caractère solennel se retrouve dans l'utilisation de l'anaphore « Je veux avoir une pensée », ce que les orateurs grecs appelaient la « gravitas ». Les mots prennent ainsi une importance et un poids plus fort, ils touchent au coeur. Cet effet est encore renforcé par une gradation puisqu'Emmanuel Macron pense d'abord aux catholiques, puis aux Parisiennes et Parisiens et enfin à l'ensemble des compatriotes. Ainsi, l'orateur prend soin, et le fait très bien, de montrer que ce drame touche tout le monde et plus encore, dernière étape de la gradation, notre histoire elle-même tant la cathédrale fut à l'origine de romans, d'oeuvres d'art, de créations de notre imaginaire.

A ce moment précis, le visage de l'orateur s'ouvre un peu plus et le haut du corps s'anime comme pour faire prendre conscience de la place unique de ce lieu. Emmanuel Macron affirme alors : « c'est l'épicentre de notre vie ».

Le jour d'après

Le rôle du chef de l'Etat est aussi et surtout de se projeter vers l'avenir. Il est le garant de l'espoir qui doit nous animer maintenant. L'émotion est alors palpable puisque sa voix se noue et ses yeux s'humidifient pour déclarer : « Cette cathédrale nous la rebâtirons, tous ensemble ». Mais pour que ces mots ne soient pas prononcés en vain, il réalise un très bon appel à l'action : « Dès demain, une souscription nationale sera lancée ». L'orateur indique ainsi que chacun des Français pourra participer à reconstruire Notre-Dame de Paris, tout le monde est impliqué.

Il faut également noter que si tout au long de la déclaration le pronom personnel « je » est privilégié, à la fin de l'allocution, lors d'une conclusion qui se veut unificatrice, Emmanuel Macron emploie plus volontiers le « nous ». Et, toujours avec beaucoup de solennité, il développer un très beau rythme ternaire qui donne de la force aux mots : « Nous rebâtirons Notre-Dame parce que c'est ce que les Français attendent (1), parce que c'est ce que notre histoire mérite (2), parce que c'est notre destin profond (3). » Comme François Hollande qui lors des heures les plus sombres de son mandat savait toucher par ses mots, Macron a su rendre hommage à la grandeur de ce patrimoine et sa volonté collective de reconstruction.

Adrien Rivierre , spécialiste de la prise de parole en public, est l'auteur de « Prendre la parole pour marquer les esprits » (Marabout, 2018).

Les Echos

Commentaires

  • Si j'ai bien entendu, Notre-Dame n'était donc pas une église catholique ! Merci Macrotte de nous l'apprendre !

  • Ne nous laissons pas impressionner par les beaux parleurs et ne déboursons pas un centime pour la collecte dite nationale afin de reconstruire Notre Dame. Cet homme ne croit pas ce qu'il dit, c'est un acteur de théâtre et la marionnette de fortunes inimaginables qui, loin de vouloir préserver et péréniser les symboles sacrés du Christianisme, dépensent pour des édifices laids et éphémères, des fêtes et des jeux, des guerres injustes , une invasion migratoire ruineuse et des médias abrutissants . Cette catastrophe "arrange" le régime d'Emmanuel Macron qu'on disait affaibli au moment où il allait annoncer des mesures trompeuses pour étouffer la colère du peuple conscient. Il se pose en "chef" qu'il n'est pas, il fait un tour de prestidigitation pour son clan criminel. Mais l'histoire jugera et vengera.

  • Nous avons enfin compris que Micron est le génie qui modèle notre futur . Radieux ,n,'en doutez pas .
    Comparez avec un intello pas présentable , un qui vient du froid , un Finlandais qui a consacré ses jeunes années à l'étude de l'armée chinoise .

    Voir Kai MURROS; Discours de Moscou . D'autres discours en " English "

    Pauvres Franèais , ceux qui écoutrent Micron et sa bande ce crapulkes .

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